Redonner à la puissance publique le pouvoir de produire et distribuer le vaccin
Par Fabien Roussel Secrétaire national du Parti communiste français, député du Nord
La suspension du vaccin AstraZeneca, sa remise sur le marché 48 heures plus tard, Pfizer annonçant vouloir augmenter le prix de son vaccin, la Commission européenne amenée à élever la voix parce que AstraZeneca ne livrerait pas les doses promises à l’Europe, au profit d’autres marchés plus juteux…
Les épisodes que nous vivons ces derniers temps sont désastreux, scandaleux ! Pour eux, le vaccin est une opportunité économique alors que pour nous, c’est la vie ! Aussi, la question que l’on est en droit de se poser est bien : jusqu’à quand allons-nous laisser les entreprises pharmaceutiques faire la loi ?
C’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Les entreprises avec lesquelles l’UE et les gouvernements concluent des contrats, fixent les prix des vaccins et s’émancipent de leurs promesses pour vendre aux plus offrants et/ou organiser la pénurie afin de permettre une inflation plus grande encore. L’ Union européenne, avec ses traités ultralibéraux, défend cette vision. Elle porte aussi une responsabilité dans la pénurie de vaccins que nous vivons.
Aujourd’hui, pourtant, des solutions existent. La première d’entre elles est la levée des brevets pour permettre le partage des connaissances et une mutualisation de la production à l’échelle nationale, européenne et mondiale. Aucune entreprise n’a aujourd’hui les capacités productives à elle seule pour permettre une vaccination de la population à l’échelle globale.
Or, nous le savons : il n’y aura de sortie de crise que collective. Même si demain la population européenne arrivait à se faire vacciner, le virus continuerait de circuler dans les autres pays, il muterait et tôt ou tard serait de nouveau à nos portes.
Cette exigence de levée des brevets, portée entre autres par l’Afrique du Sud, l’Inde et une coalition de plus de 100 pays à l’ OMC, est aujourd’hui reprise par d’autres institutions internationales (OMS, Conseil de l’Europe, Parlement européen, Unesco…) et est majoritairement partagée par la population. Elle rencontre pourtant depuis des mois l’opposition constante de la France et de l’UE. Lire aussi : Vaccins anti-Covid. À l’OMC, l’Europe brille par son silence
L’alternative proposée par nos gouvernants ? Des licences « volontaires ». Autrement dit, laisser les grandes entreprises du secteur le soin de partager ou non les connaissances, une partie de la production, et de fixer les montants pour lesquels elles sont prêtes à le faire.
Il faut au contraire redonner à la puissance publique le pouvoir de produire et distribuer le vaccin. La levée des brevets est une première étape dans ce sens. Avec aujourd’hui plus de 200 organisations à l’échelle européenne, nous demandons à faire des vaccins et traitements antipandémiques des biens communs de l’humanité. C’est l’objectif de la campagne Pas de profit sur la pandémie. C’est en ce sens également que nous défendons l’idée d’un pôle public du médicament à l’échelle nationale et européenne. Lire aussi : « Pas de profit sur la pandémie » : le combat de l’eurodéputé Marc Botenga
Nous avons besoin de transparence et de perspectives pour sortir de cette crise. Cela passe très clairement par reprendre la main sur la recherche, la production et la distribution des vaccins. La santé de chacune et de chacun d’entre nous est bien trop importante pour être laissée au bon vouloir des monopoles pharmaceutiques.