La curiosité, moteur de la recherche
Lors d’un dîner amical, une jeune femme me demande : « Ça sert à quoi la recherche sur le boson de Higgs ? » Autrement dit, à quoi sert une recherche dite fondamentale, guidée par la seule curiosité humaine, sans la moindre idée préconçue d’application technologique
L’une des réponses, inattendue, est que les logiciels de base du Web sont libres et sans brevets, parce qu’ils proviennent du laboratoire européen où fut découvert le boson de Higgs, cette particule qui donne leur masse à toutes les autres. L’objectif des informaticiens était de fournir aux physiciens du monde entier un moyen efficace, démocratique car horizontal et sans hiérarchie, d’échanger des informations.
Pile ce qu’il faut attendre d’une recherche fondamentale : quelque chose de non prévisible. Les principales technologies de rupture en proviennent. En avons-nous besoin ? Avions-nous besoin d’un vaccin efficace, rapidement mis au point, capable d’évoluer (presque) aussi vite que le Sars-CoV-2, le coronavirus responsable du Covid-19, qui a déjà tué au moins 15 millions de personnes, dont 130 000 en France ? Nous ne le savions pas avant que la pandémie survienne. Les scientifiques qui, guidés par leur seule curiosité, ont découvert l’ARN messager, le type de molécule utilisée par le vaccin Pfizer, ne pouvaient guère s’en douter.
Au début des années 1960, ils se demandent pourquoi tous les gènes d’une bactérie ne s’expriment pas en même temps. François Jacob et François Gros jouent un rôle décisif dans l’élucidation du mystère. Elle réside dans une molécule très instable, l’ARN messager, intermédiaire entre le gène et la machinerie cellulaire qui fabrique les protéines nécessaires à la vie de la bactérie comme de vous et moi.
Pourquoi rappeler cette histoire aujourd’hui ? Parce que, selon une enquête du sociologue Michel Dubois, seuls 48 % des Français estiment qu’ « il faut développer les recherches scientifiques même quand on ne sait pas si elles auront des applications pratiques ». Et aussi parce que les candidats à l’élection présidentielle ne proposent pas tous la même politique de recherche. Parmi eux, Fabien Roussel se distingue par un soutien clair et massif à cette recherche salvatrice parce que non programmée. À l’opposé de celle corsetée par des exigences de résultats à court terme et une compétition fratricide pour l’accès aux crédits des présidents Sarkozy, Hollande et Macron.
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