Enseignement Supérieur et Recherche
Episode 1 : Un chaos viral et organisé
Les conditions de la rentrée à l’université ont été très difficiles pour tous les étudiants et tous les personnels, et c’est loin de s’améliorer. En plus d’une restructuration de l’université à marche forcée, les personnels ont subi l’organisation au jour le jour, des prises de décision sur le protocole après les dates de rentrée, des mesures sanitaires peu respectées, inapproprié, à géométrie variable, un basculement incessant entre enseignement sur place et à distance avec peu de moyens, du télétravail imposé, refusé, ou non accompagné… Tous les personnels essayent de suivre, mais la fatigue et la lassitudes sont intenses. Et ce n’est pas seulement à cause du coronavirus. Le virus dont souffre l’université, c’est le virus des politiques libérales, de la compression des coûts, du manque chronique de postes, de la précarité généralisée, de la marchandisation des savoirs, de la concurrence de tous contre tous, de la fin de la démocratie collégiale… Ça fait des années que ça dure, mais aujourd’hui avec Macron, Blanquer et Vidal, les universités reçoivent le coup de grâce dans un chaos sans précédent.
La Loi sur la Programmation de la Recherche (LPR), loin d’apporter des réponses à la crise que nous traversons, aggrave la situation jusqu’à la rendre insoutenable. Encore plus de précarité ? Encore plus de concurrence ? Encore plus de sélection ? Encore moins d’indépendance intellectuelle, ajoutée à une pénalisation lourde des mobilisations universitaires ? C’est invivable, pour les personnels comme pour les étudiant-e-s.
Depuis des années, les politiques libérales cherchent à réduire le « coût » de la formation et de la recherche, à priver les salariés et les citoyens du pouvoir qui va avec la maîtrise des savoirs. Toujours plus d’individualisation, d’isolement… mène nos sociétés dans le mur.
Pour nous imposer la transformation de nos métiers, les gouvernements ont organisé la pénurie : Afin d’obtenir les financements nécessaires à la survie de nos universités et de pouvoir continuer à faire de la recherche ou à enseigner trop d’entre nous ont été contraints d’entrer dans ce jeu de l’individualisation concurrentielle. Il n’est pas exagéré de dire que nous sommes, sous le poids de la multiplicité des tâches et parfois de leur absurdité, toutes et tous, au bord de l’épuisement.
La science est elle-même fragilisée. La dépendance vis-à-vis de financements privés tout comme les logiques de concurrence, ont encouragé la publication rapide de résultats quitte à ce qu’ils soient démentis le lendemain, la crédibilité des chercheuses et des chercheurs dans le débat public est entamée.
Ce diagnostic oblige à stopper la propagation du virus libéral et à mettre au point d’urgence un vaccin. Ce sera l’objet de l’épisode prochain.
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