Deux mille élus lancent un appel à voter pour la liste PCF. Qu’ils soient de zone rurale ou de banlieue, tous mettent en avant la défense des services publics. (L’Humanité)

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Certains n’avaient jamais lancé de tels appels, mais cette fois ils se mouillent. « Cinquante-six élus locaux, dans la Sarthe, parfois élus dans de petits villages et non communistes, appellent à voter pour la liste conduite par Ian Brossat », se réjouit Gilles Leproust, maire communiste d’Allonnes. Ils font partie des 2 000 élus, environ, qui invitent leurs concitoyens à adresser, via le bulletin de vote, un carton rouge à Emmanuel Macron et à en finir avec les politiques libérales européennes.

Ce scrutin « n’est pas sans lien avec les problématiques que nous vivons au quotidien », poursuit Gilles Leproust : « La guerre au déficit de 3 % a conduit les gouvernements, ces dernières années, à baisser les dotations aux collectivités et à multiplier les coups contre les services publics. Que l’on soit maire d’une ville comme Allonnes, d’une grande intercommunalité ou d’une commune rurale, nous y sommes tous confrontés et nous avons tous intérêt à infléchir la politique menée au niveau européen. »

À Boulazac-Isle-Manoire (Dordogne), Jacques Auzou ne s’est pas posé de question. « Cela fait soixante-dix ans que je suis militant communiste, et j’ai toujours pris position publiquement », relate le maire de cette commune nouvelle qui jouxte Périgueux. Cette année, il le fait avec d’autant plus de conviction qu’il « ne sent pas, malheureusement, une grande mobilisation pour le 26 mai ». Dans sa commune, qui compte près de 10 000 habitants et environ 7 000 emplois, il craint que les classes populaires et les salariés ne soient les moins mobilisés. La liste de Ian Brossat, qui « rajeunit le message et la perception de notre organisation », peut être un moyen pour ces catégories de se faire entendre.

La défense des services publics a aussi une résonance puissante à Périgueux, où 2 500 personnes travaillent au centre hospitalier et 600 autres font tourner le centre de maintenance de la SNCF. Pas besoin de longues arguties, là-bas, pour démontrer l’impact désastreux de la directive libéralisant le rail européen… À Boulazac aussi, l’austérité se perçoit à chaque conseil municipal. « On nous avait promis, après la scréation de la ville nouvelle, que nos ressources seraient garanties pendant trois ans. À la troisième année, il nous manque déjà 90 000 euros sur les sommes promises », relève Jacques Auzou.

Sept électeurs sur dix ne s’étaient pas déplacés aux urnes en 2014

D’autres décisions, prises à Bruxelles ou à Strasbourg, ont des effets directs dans nos villes, poursuit de son côté le maire d’Allonnes, banlieue populaire du Mans. Il cite notamment le programme d’aide alimentaire européen, si utile aux associations de solidarité comme le Secours populaire ou le Secours catholique, à nouveau menacé. « Il y a urgence à dire : pas touche à ce programme ! »

« Les services publics, c’est ce qui permet aux habitants de notre ville, l’une des plus pauvres de France, d’avoir les mêmes droits que les autres », aime à dire Meriem Derkaoui, maire PCF d’Aubervilliers, où sept électeurs sur dix ne s’étaient pas déplacés aux urnes en 2014. L’élue a un argument imparable pour que ses administrés fassent entendre leur voix et votent pour la liste conduite par Ian Brossat : « Est-ce que l’on veut une Europe aux mains des nationalistes, qui vantent le repli sur soi, ou souhaite-t-on qu’elle soit à l’image de notre ville, accueillante, solidaire, qui s’est construite avec plusieurs vagues de migration, une ville où l’on n’a pas peur des autres ? » Ce message, très politique, fait mouche dans cette ville populaire.Pierre Duquesne

mai 14, 2019

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