Lettre Energie PCF : Projet Hercule et coupure d’électricité

Hercule, projet de dépeçage du service public de l’électricité !

C’est quoi ?

Le projet Hercule » actuellement négocié à huis clos entre le gouvernement français et la commission européenne prévoit la séparation des activités d’EDF en trois entités distinctes :

– EDF « Bleu », détenue à 100 % par l’Etat, regrouperait l’ensemble des activités nucléaires ainsi que le gestionnaire de réseau du transport d’électricité (RTE) ;

– EDF « Vert » comprendrait les activités commerciales du groupe, le réseau de distribution Enedis et les énergies renouvelables (EnR). Elle serait introduite en bourse à hauteur de 35%, prélude à une privatisation.

– Les activités hydrauliques, qui comprennent notamment les concessions hydrauliques (dont les barrages), seraient logées dans une autre entité, baptisée EDF « Azur » avec un statut de « quasi régie ».

Pourquoi ?

Ce projet est motivé officiellement par deux objectifs :

– Mettre fin au mécanisme ARENH qui oblige EDF à mettre à disposition de ses concurrents 25% de sa production nucléaire à moindre coût fragilisant l’entreprise financièrement dont le manque à gagner pour elle s’établit à plusieurs milliards d’euros.

– Éviter la mise en concurrence des concessions hydroélectriques demandée par l’Union Européenne.

Pour le PCF c’est non !

L’électricité est un bien essentiel dont l’accès doit être garanti à chacun, notamment aux plus démunis.

La désindustrialisation de notre pays que la crise du Covid a mis en évidence nous rappelle l’exigence de souveraineté pour les biens essentiels. Aussi, la relocalisation d’un certain nombre de production avec la nécessaire relance industrielle forte dans notre pays va nécessiter des besoins énergétiques immenses.

De plus face à l’urgence climatique et de la nécessité d’agir immédiatement pour lutter contre le dérèglement climatique pour préserver notre planète, la décarbonation d’un grand nombre d’usages énergétiques est nécessaire. Notre mix énergétique nucléaire et énergies renouvelables répond à cette exigence.

Réussir la transition énergétique

Pour le PCF, il y a nécessité de construire un vrai projet qui parte des besoins des populations et qui aborde : notre souveraineté nationale et donc notre indépendance énergétique, la sécurité d’approvisionnement, le renouvellement du parc nucléaire, le tissu industriel, le coût de l’énergie, la maitrise publique du secteur pour servir l’intérêt général, les coopérations à engager en Europe et à l’international, la lutte contre le réchauffement climatique, les moyens dans la R&D qui doivent être conséquents afin d’avoir une politique de recherche qui prépare l’avenir, qui soit en mesure de briser les verrous technologiques qui permettront de faire évoluer le mix énergétique.

EDF est le modèle énergétique français qui a fait ses preuves en termes de performance industrielle grâce à sa conception intégrée de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation. EDF a un rôle central pour assurer les orientations énergétiques de notre pays et les missions de service public.

Le PCF s’oppose au démantèlement du groupe EDF et exige qu’un véritable débat démocratique soit organisé.

Pétition intersyndicale : http://chng.it/SVHTrYSp

Coupures d’électricité : un risque de plus en plus probable !

Une situation très tendue

Alors que la France est loin des records atteints lors des vagues de froid de 2018 et surtout de 2012 puisque la pointe de consommation ce jour-là atteignait 86,7 GW, contre 96,6 GW en février 2018 et plus de 102 GW en février 2012, le 8 janvier dernier, le gestionnaire de transport RTE a activé pour la première fois le « signal rouge » de son dispositif « Ecowatt », destiné à avertir les citoyens que la consommation risque d’être trop élevée par rapport à la production d’électricité, mettant en risque l’approvisionnement et leur demandant de réduire leur consommation.

La situation est plus que tendue quand on sait que la consommation d’électricité en France reste par ailleurs 3% inférieure aux standards de saison, avant la crise sanitaire.

On a évité le blackout cette fois ci ! Mais si une période de froid s’installait qu’en serait-il ? Il ne faut pas perdre de vue qu’un degré Celsius de froid supplémentaire, c’est 2400 MW supplémentaires appelés sur le réseau électrique (soit deux tranches nucléaires, ou 4 tranches thermiques) !

L’alimentation en électricité risque de plus en plus de faire défaut lors des pointes de consommation hivernales due d’une part à une politique qui a abouti ces dernières années à la fermeture des tranches utiles à la production de pointe (charbon et fuel), à la fermeture récente des réacteurs nucléaires de Fessenheim et d’autre part à l’accroissement des sources intermittentes (éolien et solaire) dont les limites liées en particulier à leur production intermittente viennent d’être démontrées. Elles produisent en fonction de la météorologie et l’hiver

En effet, ce jour-là, trois sources ont assuré 93% de la production d’électricité : le nucléaire 62%, hydroélectricité 20% (production exceptionnellement haute due aux réservoirs remplis dans le courant de l’été), et le gaz 11%. Puis le charbon 6%. L’éolien et le photovoltaïque ont été aux abonnés absents.

Pour éviter les coupures, il a fallu activer un autre système, celui de l’effacement “volontaires” qui consiste à stopper la consommation d’entreprises fortement consommatrices. Ces entreprises, à la différence des ménages, perçoivent une rémunération, en retour, directement prélevée sur les factures des usagers. Cela a représenté environ 1200 MW d’effacements…

Enfin la France pour cette journée a eu recours fortement aux importations. La plupart sont venues de la frontière Est (de la Belgique à l’Italie) qui est dominé par la capacité de fourniture allemande et suisse. Or les allemands envisagent de fermer prochainement une part importante de leur parc de production électrique basé sur le charbon. Ce qui aura comme conséquence de réduire leur capacité d’exportation à l’avenir. Quant aux belges, ils avancent ne pas vouloir poursuivre l’exploitation de leurs centrales nucléaires. Les quantités importées risqueraient de ne plus être disponibles dans les prochaines années et nous sommes donc proches des capacités maximales de ces lignes frontalières. Quant à l’Espagne et l’Angleterre, elles sont restées importatrices dans la semaine.

février 6, 2021