Commun, Commune
Commun
Mercredi 21 Avril 2021
Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93. Il publie, chaque semaine, une chronique dans les colonnes de l’ « Humanité »
Alors que cette année 2021 marque le 150 anniversaire de la Commune de Paris, me revient le refrain de cette chanson de Jean Ferrat « Commun, commune… », pour évoquer la question des vaccins contre le coronavirus. Les grands laboratoires pharmaceutiques, au premier rang desquels Pfizer, profitent de la situation pour augmenter le prix de leurs produits qui, dans le même temps, sont réservés presque exclusivement aux pays riches.
Or, d’une manière générale, mais plus encore en période de crise, les biens essentiels ne devraient pas relever du secteur marchand mais devenir des biens communs pour l’ensemble de l’humanité. Cette revendication politique est de plus en plus d’actualité, ce d’autant que la mise au point dans un délai record de ces vaccins a largement bénéficié de recherches menées dans des institutions publiques et de subventions publiques par le biais des précommandes.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le principe de la communauté se limite à ce qui coûte et à ce que, dès que la rentabilité est assurée, les bénéfices soient accaparés par quelques-uns. Le fameux argument de la prise de risque des « investisseurs » ne tient pas car ceux-ci profitent en fait d’un marché solvabilisé par des fonds publics grâce aux différents systèmes d’assurance-maladie ou directement à des commandes des États. Il n’y a donc aucun risque, mais tout à gagner.
Les idées mises en avant pendant seulement 72 jours en 1871 redeviennent d’une actualité brûlante face à cette pandémie, où le mot de communauté mondiale et d’internationalisme prend toute sa valeur, car le virus ne fait pas de différence entre les riches et les pauvres (même si les pauvres, notamment en France, du fait de leurs conditions de vie, sont plus touchés). Il en va des vaccins, mais aussi des médicaments, de l’air, de l’eau, des forêts, etc. qui ne peuvent et ne doivent pas rester accaparés par quelques-uns si nous voulons espérer un avenir en commun.