Etudiants étrangers : le décret est sorti
Le décret sur l’augmentation des frais d’inscription à l’université des étudiants a été publié au Journal Officiel. Il montre un acharnement imbécile et une méconnaissance profonde de la réalité du système universitaire français et de son rayonnement à l’international qui va être durablement atteint.
Après un rapport de la “mission de concertation” (***) que même des membres de LREM ont dit “accablant” et un rapport parlementaire critique (*) le décret sur l’augmentation des frais d’inscription à l’université des étudiants a été publié au Journal Officiel. Il montre un acharnement imbécile et une méconnaissance profonde de la réalité du système universitaire français et de son rayonnement à l’international qui va être durablement atteint : pourquoi les étudiants (francophones en particulier) viendraient ils en France alors qu’ils trouveront moins cher en Belgique ou en Suisse par exemple. Rappelons que les frais d’inscription sont multipliés par 10 en gros.
C’est un décret et non une loi, donc le passage à l’assemblée et le débat devant les représentants du peuple a été évité délibérément.
Les reculs par rapport au rapport au projet initial se limitent à l’abandon de l’imposition de la mesure aux doctorants, tant celle ci elle était révélatrice du manque de réflexion qui a présidé à l’écriture du décret.
Cependant cela n’a pas été étendu aux masters alors que ceux ci fournissent l’essentiel du recrutement des doctorants. La menace sur la qualité du recrutement des Ecoles Doctorales perdure.
Deux autres mesures préconisées par la mission : celle de porter à 15% les autorisations d’exonération au titre de l’article 103 et celle de moduler les droits d’inscription ne sont pas retenues. Ceci va pénaliser les étudiants modestes. En effet cet article 103 autorise l’exonération de frais d’inscription des étudiants sur critères sociaux et est utilisé à cet effet par les universités, il faudra maintenant faire entrer, en sus, dans les 10% des étudiants étrangers. Cela limitera d’autant les possibilités en direction des étudiants issus des couches populaires, serait ce un choix gouvernemental?
De nombreuses universités ont décidé d’appliquer un moratoire, c’est une mesure à court terme. Mais, en terme de communication les dégâts sur l’image du système universitaire français à l’étranger sont faits. On ne peut savoir à ce jour quel sera le nombre d’inscription d’étudiants étrangers à la rentrée prochaine. Les données actuelles de CAMPUS-France ne sont que des données de pré-inscriptions. Ainsi qu’il a été observé (**) elles ont été quelque peu manipulées par le gouvernement. Elles se transforment en général en inscriptions que pour 10% d’entre elles. C’est en septembre, voire plus tard que l’on verra clair à ce propos. On notera cependant que les chiffres tels qu’on les a confirment une perte de crédit majeure dans les zones de coopération traditionnelle et francophone. Est ce par choix ou par méconnaissance qu’on en arrive là?
Une question vaut d’être posée aux présidents d’Université. Certains n’ont pas caché qu’ils voyaient dans cette mesure un moyen de récupérer des fonds pour sortir leur établissement de la crise financière qui frappe quasiment tous les établissements. Le simple bon sens, et la réflexion, en font douter fortement. Les mêmes présidents (ou leurs prédécesseurs, je pense entre autres à un ancien président de la CPU) n’avaient pas vu venir les difficultés au moment de la mise en place de la LRU, je ne sais pas pourquoi leurs successeurs seraient plus lucides quant à leur projections budgétaires.
(*) http://www.assemblee-nationale.fr/15/rap-info/i1763.asp
(**)https://blogs.mediapart.fr/lionel-schwartz/blog/070419/les-chiffres-dinscription-de-campus-france-sont-ils-fiables
(***) https://blogs.mediapart.fr/lionel-schwartz/blog/190219/etudiants-etrangers-le-rapport-de-la-mission-de-concertation
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