Covid-19. L’accès aux vaccins, meilleur espoir contre les mutations

Lundi 29 Novembre 2021Vadim Kamenka

L’Humanité

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La pandémie repart à la hausse dans le monde avec un nouveau variant, Omicron. Pourtant, l’Allemagne, la Suisse, la Norvège et le Canada, entre autres, s’opposent toujours à la levée des brevets. Jusqu’à quand ?

Et si le variant Omicron permettait de déboucher sur une levée des brevets ? La 12e conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévue à Genève du 30 novembre au 3 décembre aurait pu y remédier. Mais, la réunion ayant été annulée vendredi soir devant l’évolution de la pandémie et les nombreuses restrictions de voyage, les 164 pays ne pourront finalement pas débattre de la demande d’une dérogation provisoire sur les brevets des vaccins. ​​ « Nous ne voyons pas d’autre choix que de proposer de reporter la conférence ministérielle et de la reconvoquer dès que possible, lorsque les conditions le permettront », a expliqué vendredi soir l’ambassadeur du Honduras, Dacio Castillo, qui préside le conseil général de l’OMC.Lire aussi : Covid-19. Omicron, le variant qui fait trembler la planète

« C’est incompréhensible. L’OMS, l’ONU, tout le monde arrive à se réunir sauf l’OMC. Cela cache surtout un manque de consensus sur la question de la levée des brevets. Les États-Unis, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Inde et une centaine de pays y sont favorables. Seule la Commission européenne reste opposée à toute dérogation, sous pression de certains États membres, dont l’Allemagne et la Belgique. Pourtant, les eurodéputés ont encore voté une résolution après celles de mai et juin, en faveur d’une dérogation temporaire aux droits de propriété intellectuelle des vaccins, produits thérapeutiques et diagnostics Covid afin d’améliorer l’accès mondial », constate Marc Botenga, député du Parti du travail de Belgique (PTB) au Parlement européen.

L’initiative mondiale de l’ONU, Covax, qui a pour but d’assurer un accès équitable à la vaccination contre le Covid, a distribué 500 millions de doses dans 144 pays et territoires. Au total, plus de 7,5 milliards de doses de vaccins anti-Covid auraient été administrées à travers le monde. Mais l’inégalité d’accès demeure criante. Quelque 143 doses ont été administrées pour 100 habitants dans les pays à hauts revenus, contre seulement 7 doses pour 100 habitants dans les pays pauvres, note l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Face à cette situation, celle-ci a d’ailleurs changé de stratégie en priorisant désormais les pays où le taux de couverture vaccinale est inférieur à 10 % et pour lesquels Covax est la seule source d’accès aux vaccins. En moyenne, en Afrique, près de 4 personnes sur 100 sont intégralement vaccinées. Pis, le magazine The Economist estime que la couverture vaccinale pour le continent pourrait être atteinte au mieux à partir de 2023, tout comme pour le Moyen-Orient.

Des gouvernements menacés de poursuites par les ONG

Pour Marc Botenga, qui participe à la campagne « Pas de profit sur la pandémie », « l’obstacle principal demeure le même : les profits générés par les trois groupes pharmaceutiques grâce à leur sérum. Pfizer, BioNTech et Moderna empochent 1 000 dollars de bénéfices par seconde. La levée des brevets et le partage technologique en open source permettraient de véritablement lutter à l’échelle planétaire contre cette pandémie. Sinon, le virus va muter et engendrer d’autres variants . Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas. » Face à cette impasse, alors que la pandémie n’en finit plus, pour faire bouger les choses, des avocats originaires de différents pays et de plusieurs organisations non gouvernementales (Movement Law Lab, Oxfam, Amnesty International et Médecins sans frontières) ont menacé de poursuites judiciaires les gouvernements allemand, norvégien, britannique et canadien. « Tout au long de cette pandémie, le gouvernement britannique a fait passer les intérêts des grandes entreprises pharmaceutiques avant la nécessité de sauver des vies dans le monde entier », dénonce dans un communiqué Nick Dearden, de l’ONG Global Justice Now.

décembre 7, 2021