Nucléaire, débat, gauche

Publié le

Mardi 15 Novembre 2022

Sylvestre Huet

En même temps. C’est l’opinion très majoritaire des Français sur le mix électrique futur du pays. Un mix de nucléaire et de renouvelables afin d’éradiquer les émissions résiduelles de CO2 de notre système électrique, déjà décarboné à 92 %. Et d’augmenter sa puissance pour remplacer les usages massifs du pétrole, du gaz et du charbon dans l’industrie et la vie quotidienne. Très majoritaire ? Cela ressort d’une enquête (1) où 60 % des personnes choisissent de «  développer les énergies renouvelables et en même temps construire de nouvelles centrales nucléaires  ». Un pourcentage en hausse de 8 points sur le même sondage réalisé en 2021. Tandis que 10 % préfèrent « construire principalement des centrales nucléaires et arrêter de développer les renouvelables ». Et que 27 %, en baisse de 10 points, opinent pour « développer principalement les renouvelables et arrêter progressivement le nucléaire ».

Et à gauche ? L’opinion de ses électeurs n’est pas très différente. Avec une hausse de 16 points en un an, 53 % de ses sympathisants soutiennent la vision d’un mix électrique fait de nucléaire et de renouvelables. Ce soutien serait plus important encore si une confusion étrange ne venait s’insérer dans ces opinions. Ainsi, montre ce sondage, 15 % des Français sont persuadés que le nucléaire « s’applique très mal » à la lutte contre le dérèglement climatique, et 31 % qu’il s’y « applique mal  ». Pourtant, l’électronucléaire peut contribuer puissamment à cette lutte. Et particulièrement en France où ses émissions de gaz à effet de serre, en cycle de vie (de la mine à la gestion des déchets), sont inférieures à 4 g d’équivalent CO2 par kWh produit.

Le dernier rapport du groupe 3 du Giec souligne que cette technologie utilisée par des pays représentant les trois quarts de l’humanité est «  mature ». De nouveaux pays s’y lancent – Pologne, Égypte, Turquie, Bangladesh, Émirats arabes unis – tandis que d’autres l’abandonnent (Allemagne, Belgique, Suisse). En France, à gauche et chez les Verts, des forces politiques se figent dans des postures refusant tout débat sur cette technologie. Sobriété et renouvelables sont indispensables pour lutter efficacement contre le changement climatique. Mais écarter du mix électrique la technologie nucléaire en rend le succès encore plus difficile pour de nombreux pays, dont la France. Le reconnaître est un test de la capacité à la gouverner.

(1) Sondage Elabe pour les Échos, auprès de 1 006 personnes, méthode des quotas, du 31 octobre au 2 novembre 2022.

novembre 14, 2022